De l’autre côté des mères

Déc 17, 2020 | Ressources

Le montage image de notre film est terminé, une belle étape ! Il sortira dans le courant de l’année 2021, sa diffusion est prévue dans différents espaces, ce sera en fonction bien sûr des mesures sanitaires.

L’origine de ce projet ? Revenons sur nos pas … 

Depuis 2013, la maternité a constitué un fil rouge dans les activités de l’association et a pris des formes diverses : études, analyses, ciné-débats, tables-rondes, création théâtrale collective, processus de réflexion avec des citoyen·nes, interventions extérieures (Congrès international des recherches féministes dans la francophonie), actions propres et en partenariats.

Cette thématique et ses différents angles d’approche se trouvent à la croisée des droits reproductifs et sexuels et de la problématique du care.

Dans ce cadre, un projet a été mis sur pied autour des difficultés maternelles. Le premier élan est né d’une poignée de citoyennes, suite à un ciné-débat sur la thématique avec la projection du film L’étranger en moi, d’Emily Atef (2010). Elles furent portées par la volonté de se rassembler afin de discuter ensemble de cette  problématique du post-partum très mal comprise, plus large et plus nuancée qu’il n’y paraît. 

En partant de leurs propres expériences en tant que femmes et mères et de témoignages reçus en tant que professionnelles de la périnatalité, le constat était clair : il faut favoriser des espaces où les mères puissent s’exprimer, créer du lien, être sorties de l’isolement, lever les tabous sur la difficulté maternelle, sortir des schémas de mères épanouies et souriantes comme seule réalité.

Pendant deux ans, le groupe de citoyennes accompagné par l’équipe de Corps écrits a sillonné la Wallonie et Bruxelles à la rencontre des lieux, des outils, des services, etc. qui existent déjà et vers où les femmes peuvent aller pour se déposer, échanger, chercher du soutien et des soins. Nous sommes donc parties à la rencontre et à la recherche  des services sociaux, des équipes médicales, des initiatives citoyennes, etc. pour les rencontrer, saisir les enjeux de leur travail et répondre à nos différentes questions.

Beaucoup de réflexions sont nées de ces deux années de recherche participative 

« Dans nos sociétés occidentales, les besoins des femmes et des nouveau-nés suite à la naissance sont souvent éclipsés par l’attention portée à la grossesse et à l’accouchement. Pourtant, les trois premiers mois après la naissance (parfois appelé quatrième trimestre de la grossesse tant la fusion entre la mère et l’enfant peut être encore présente) constituent une période de transition critique pour les femmes et leur bébé, tant sur le plan physiologique, affectif, que psychologique et social. Souvent elles se retrouvent perdues avec un manque de cadre « contenant » et de repères identificatoires. Il y a une forme de banalisation « hormonale » du post-partum – du genre c’est normal elle est chiante quand elle a ses règles – c’est normal qu’elle pleure, cela lui passera. Les conseils les plus divers et les plus contradictoires sont donnés à profusion aux jeunes mères. L’absence de références faciliterait la dépression des jeunes mères en favorisant des attentes excessives envers elles-mêmes et en diminuant ainsi leur estime de soi. De plus, le soutien social dont elles disposent est souvent très réduit, du fait de l’érosion des solidarités. »

Cet extrait de notre étude Stigmatisation de la maternité dans une société néolibérale. Entre représentations idéalisées et dévalorisation sociale : quel(s) choix pour les femmes?, illustre parfaitement les constats qui ont traversé le groupe. À propos du contexte, vous pouvez le retrouver dans notre analyse publiée en 2016 sur notre démarche d’investigation et de réflexion.

Nous avons mis en lumière l’isolement et la charge mentale que la plupart des femmes devenues mères vivent, même entourées de leur famille. Jusqu’à l’épuisement, le burn out, la dépression post partum,… que certaines femmes peuvent rencontrer. Chacune bien entendu à sa manière, dans cette période de venue d’un enfant à la fois puissante et fragile.  Ce constat qui touche toutes les couches de la population nous a interpellées quant aux représentations véhiculées autour de la vulnérabilité des femmes devenues mères, tant sur le plan psycho-socio-médical que culturel.

Les difficultés maternelles se résument-elles à un problème psychologique individuel ? Tout se joue-t-il avant la naissance ? Et après ? Un accompagnement ou une meilleure information changent-ils les constats ? Est-ce une question de temps ou de protocole ? De structure ou de solidarité ?  Et si c’était logique d’être perdue, fragilisée, en apprentissage ? Que manque-t-il à notre société pour une expérience maternelle plus réjouissante ?  

Qu’en pensent les femmes elles-mêmes ?

De cette dernière question est née l’envie et la nécessité de donner un espace de paroles aux femmes, jeunes mères et premières concernées. Après concertation avec un comité constitué de professionnelles de la santé, l’idée d’un film est apparue comme le meilleur moyen de récolter les paroles et les vécus des femmes avant et après leur accouchement, de les faire entendre ensuite auprès des autres femmes et aux hommes afin de créer des espaces de réflexion et de débats.  

Le projet d’un film a été pensé, réfléchi, lancé, avec le désir de toucher le grand public en apportant un nouveau regard sur la maternité, un regard de l’intérieur, symbolique, artistique, poétique, écrit et pensé par des personnes concernées au premier plan. Une vision non idéalisée, qui sort du tabou sans tomber dans le sensationnalisme. 

Au terme de ces réflexions et de la constitution d’un scénario, en 2018, un appel à interviews a été lancé auprès de nos publics, de professionnel·les et d’institutions diverses : quatorze femmes enceintes, de classe, de race, de situation familiale et d’orientation sexuelle diverses, résidant en Wallonie et à Bruxelles, ont accepté de répondre à une première interview filmée pendant leur grossesse, et une seconde quelque temps après leur accouchement.

Suite à un crowdfunding lancé en 2018, et au soutien de l’Action Prévention Parentalité ASBL et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le tournage a démarré en novembre 2018 mené par le groupe des citoyennes désormais nommé D’une femme à l’autre et coordonné par la réalisatrice Vinciane Zech. Il s’est clôturé en août 2020. Le montage image, en collaboration avec le Gsara, s’est terminé en décembre 2020. Le film est maintenant en postproduction son et étalonnage.

Quelles intentions ?

Ce film « De l’autre côté des mères » se dessinera avant tout comme un espace de paroles, d’émotions et de sensations. Il sortira dans le courant de l’année 2021. L’intention ? Que les femmes et les mères, à sa vision et au travers des partages des femmes interviewées, puissent se réapproprier leur vécu de la maternité  et aborder de manière plus sereine les difficultés de plus en plus médiatisées : durée du séjour en maternité, charge mentale, burn out,… Mais aussi que la diversité de leurs vécus soit entendue par rapport à l’accueil et à la prise en charge de ce grand passage au sein de notre société. Arrêtons de faire comme si elles n’avaient plus besoin d’être entourées, une fois le bébé né, alors que cette période est probablement l’une des plus intenses en bouleversements émotionnels ! Tant d’attentes reposent sur elles. Nous avons imaginé ce film comme une occasion de susciter le partage d’expériences entre paires, de donner des pistes aux professionnel·les, aux citoyen·nes et aux politiques afin de contribuer à sortir les mères de l’isolement dont la plupart témoignent, et ce en réfléchissant à l’accueil, aux soins et à l’accompagnement de cette étape dans le cycle de vie des femmes dans notre société. 

Le film est destiné à être diffusé à des fins de sensibilisation et comme support au débat public, donc principalement dans le tissu associatif, éducation permanente, action sociale et promotion de la santé, ainsi que dans des espaces gérés par des professionnel.le.s de la santé.

Avec la diffusion du film, le groupe D’une femme à l’autre fera entendre les voix de quelques-unes pour sortir l’expérience maternelle des autres de l’isolement et engager des débats de fond sur la manière d’appréhender collectivement ce cycle de vie pour toutes les femmes dans leur diversité.

 

Rapport de recherche participative

[Update décembre 2021]

Vous pouvez recevoir notre rapport de recherche participative en envoyant un mail à lise.mernier@corps-ecrits.be

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